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Original text in Russian |
PERSONNAGES
Marie, soprano sans accompagnement, percussion
L'Ange de Dieu, piano, celesta, percussion.
L'action se passe dans la chambre de Marie.
Tout le texte est un monologue de Marie. Au début elle file.
Le livret est basé sur L’Evangile selon Luc, Chapitre 5.
Le texte ne contient pas de didascalies pour ne pas gêner
l’imagination des metteurs en scène et des interprètes.
I. PRESSENTIMENT
Le fil coule, le fil coule
formant une fine toile d'araignée,
ou soudain une boule chaude,
et je ressens soudain les brebis respirer dans mon dos.
Ces jours-ci l'inquiétude me gagne.
Comme si mon corps était
percé de courants printaniers.
J'entends roucouler la colombe,
Et je suis toute ébranlée.
Je vois le boeuf se prélasser au soleil,
Et le bonheur me déborde.
Et lorsque j'entends
Le cri joyeux de l'âne.
Je suis même prête à m'envoler.
Mon coeur pressent, que le moindre son
Me révèle un mystère.
C'est celui de ma vie.
Le fil coule toujours
En toile d'araignée,
Ou en boule trépitante et chaude,
En duvet d'oiselet de colombe,
Ou en toison si douce de l'agneau.
II. SOUFFLE
Il y a quelqu'un qui vient.
Le rideau ne bouge point.
Le battant de la fenêtre ne grince pas.
La porte est solidement fermée.
Et quel silence!
Même le rayon du soleil s'est arrêté,
Et ne bouge plus
Pour ne pas effrayer le silence.
Mais quelqu'un est venu, je le sais.
Parce que cela résonne dans mes oreilles -
on dirait le tonnerre!
Ce n'est pas le vent qui souffle
Mais c'est le souffle de mon âme.
Qui es-tu soufflant dans mon ame,
qui es-tu effleurant mon coeur-même?
III. BONNE NOUVELLE
Oui, je te comprends.
Prononce, invisible, un mot.
Grand archange,
Je te connais,
ton visage venait à moi
au travers le nuage des cieux,
Ta voix me parlait
au travers les bruissements du vent.
Je suis prête à ta nouvelle
Non, je ne crois pas,
je ne suis pas digne,
par quoi je mérite l’amour?
Est-ce moi qui metterai l’enfant au monde?
Est-ce moi qui passerai mon petit
aux griffes de la mort?
Mon âme s’épuisera en douleur,
pitié, pitié!
IV. EXTASE
Qu'est ce qui rayonne dans mon coeur?
Quel est ce délice qui remplit la chair?
Où prendrai-je les forces,
pour souffrir ce bonheur?
A-a-ah!
V. ANGOISSE
Béni est le fruit de mon sein,
Béni est le fruit de mon sein,
as-tu dit?
Et je suis bénie entre les femmes?
Tu m’appelles pleine de grâce?
Je suis aveuglée par le rayonnement dans mon coeur,
mais les yeux de mon âme sont ouverts.
Au travers les jours je vois mon fils crucufié.
Je ressens au travers les jours
qu’une pierre tombale
decouvre la tombe avec fracas.
Je vois mon fils ressuscité.
Et je le vois prendre mon corps fragile
vivant vers les cieux.
Donne-moi des forces pour croire
que ces ne viennent pas du diable.
J’ai peur! J’ai peur! J’ai peur!
Comment pourrais-je croire
que moi, si vile d’aspect,
humble d’esprit,
faible de corps,
puisse être mère au Sauveur?
Par quoi pourras-tu me prouver
que ce n’est pas un démon qui se moque de moi?
Mais c’est toi qui raffermirais la foi!
C’est toi qui me ferais vaincre mon angoisse!
VI. ADIEU
Tu t'en vas? Tu me laisses seule?
Seule je porterai mon fardeau,
même Joseph me mettera en doute.
Ce n'est que l'étoile qui est aux cieux,
Tout comme mon fruit murissante,
viendra révéler ma pureté.
La vie est rompue,
la mienne et celle de tous les humains.
Laisse-moi t'accompagner
par des pleurs douloureux,
par des rires joyeux.
A-a-ah!
Traduit en français par Serguei Bountman
© 1999 text by Alexey Parin
© 1999 translation by Serguei Bountman
© 2000 by Alexander Shchetynsky